Devons-nous souscrire à l’hypothèse largement répandue du psycho-sociologue Milgram et à son « expérience du petit monde » tendant à prouver que chacun est relié à n’importe quel individu par une courte chaîne de relations sociales (« 6 degrés de séparation en moyenne ») ? Certes, c’est une belle idée. Mais elle est fausse. Explications.
Le mythe est né de 3 expériences, dites « expériences du petit monde », menées en 1967 par le psychologue social américain Stanley Milgram, sur une population restreinte de 217 individus. La consigne était de faire parvenir un pli de la main à la main, jusqu’à un destinataire final clairement identifié mais qui leur était inconnu. Chaque pli était donc remis à une connaissance, qui le transmettait elle-même à une autre, susceptible de connaître quelqu’un étant en relation avec le destinataire final. L’objectif était de faire parvenir ce paquet avec le moins d’intermédiaires possibles.
L’expérience a montré que les plis arrivés à destination ont utilisé en moyenne entre 5 et 6 intermédiaires (5,2). Cette moyenne cache en fait les extrêmes, car la majorité se situait dans une fourchette de 2 à 10 contacts. Et surtout, la plupart des plis – tests n’atteignirent jamais leur but. Seuls 29% d’entre eux parvinrent au destinataire. Cette expérience qui a donné naissance au « phénomène du petit monde » est donc fausse : nous ne sommes pas tous connectés aux autres par un maximum de 6 degrés de séparation.
Ivan Misner (fondateur de BNI – Business Network International – premier réseau de recommandation au monde), a clairement dénoncé cette théorie dans son livre « The 29% solution ». Pourquoi une telle prise de position alors que la plupart des « professionnels » du Networking font du « phénomène du petit monde» leur cheval de bataille ?
Deux raisons à cela : La première est que cette théorie entraîne une sorte de complaisance et un sentiment de facilité. Elle crée des attentes et certains pensent vraiment qu’il leur suffit de 6 intermédiaires pour toucher n’importe qui sur terre !
La seconde raison – et c’est le point le plus important -, les résultats simplifiés de cette étude font l’impasse sur une autre conclusion : certaines personnes sont bien mieux connectées que d’autres. Ce qui veut dire que le « Networking » est un savoir-faire qui peut se développer. En lisant, en se formant, en étant “coaché”, le tissu de contacts peut être amélioré. C’est ainsi que nous pouvons progressivement faire partie des 29% de personnes les mieux reliées et nous serons effectivement dans ce cas, connectés au reste du monde par seulement 6 degrés.
Le travail de Milgram était révolutionnaire. Il a ouvert tout un nouveau pan de discussions et d’études complémentaires ainsi qu’une meilleure compréhension du Networking. Toutefois ce travail de scientifique méticuleux a été déformé et galvaudé. La version mythique de ses recherches ne sert pas ; elle fournit un sentiment inadéquat de sécurité et une compréhension erronée du phénomène de réseau et de ses processus.
La bonne nouvelle est qu’il est possible à chacun de réussir à bien gérer son réseau et de gagner en efficacité. Savoir que l’on peut être connecté à n’importe qui, grâce au potentiel et la force du Networking permet de se placer dans la compétition. Sans oublier toutefois que, mettre les autres en relation n’est pas une obligation, ni pour soi-même ni pour ceux que l’on connaît.
Ivan Misner & Marc-William ATTIE
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