#LEMOTDELEXPERT – « JE BAVARDAIS TROP À L’ÉCOLE »

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Misner Ivan

Ivan Misner, fondateur de BNI, s’interroge sur ce qui fait la force de chacun. Ce qui apparaît comme un obstacle pour certains, peut être une véritable qualité pour d’autres… 

À l’école primaire, je recevais généralement de bonnes appréciations sur mes bulletins de la part de mes professeurs. Une remarque, en revanche, est devenue récurrente, et ces derniers semblaient presque tous unanimes : « Ivan bavarde trop en classe ».

Un point sur lequel ma mère eut de nombreuses conversations avec moi — en vain. Peut-être devait-elle se dire qu’après toutes mes notes étaient bonnes dans l’ensemble, et elle était plutôt du genre à choisir ses batailles. Elle ne s’est donc pas spécialement attardée sur la question, et moi… je parlais, parlais, parlais toujours autant en classe. Ce fut mentionné sur plusieurs de mes bulletins. Mes professeurs avaient le sentiment que c’était un problème pour ma scolarité. Ma mère, au contraire, ne s’en est jamais particulièrement plainte.

Selon mes professeurs, ce serait un obstacle dans mes études — et je crois qu’ils ont eu tort. En effet, ce que ces derniers ont perçu comme un problème s’est avéré être un précieux atout. Oui, je bavarde. Beaucoup, même. J’apprécie de parler en tête-à-tête ou en petits comités, m’adresser à des groupes de taille moyenne voire à de véritables assemblées. Appelez ça comme vous voulez — je suis un bavard. Le fait est que mon métier aujourd’hui nécessite de parler aux autres. Je suis littéralement (très bien) payé pour discuter, pour prendre la parole face à des entreprises, à des associations et autres organisations… J’adore partager et débattre des idées avec les gens, les coacher et les conseiller… Et surtout, j’adore être une source d’inspiration pour eux. Et pour y parvenir efficacement — et bien, je discute avec.

Maintes fois au fil des années, j’ai pu constater que « l’obstacle est matière à action. Ce qui me barre la route devient le chemin » (1). L’on disait que mon côté pipelette serait un handicap dans mes études et très honnêtement, à un moment donné, mes professeurs sont presque parvenus à m’en convaincre. Ma mère, en revanche — nettement moins ! Elle ne percevait pas mes bavardages comme quelque chose de si grave, ce qui m’a permis cette liberté de rester moi-même. Oui, il m’a fallu atténuer un peu ce trait, sans pour autant totalement l’éradiquer. J’éprouve aujourd’hui une certaine reconnaissance, car si certains pensaient qu’une telle extraversion serait un frein dans ma vie, la vérité est que ce trait de ma personnalité allait finalement devenir le chemin à suivre au cours de celle-ci, la façon de réussir.

En 1985, j’ai dû faire face à une difficulté majeure. Je venais en effet de perdre un client important et parvenais à peine à rembourser le prêt immobilier contracté sur ma nouvelle maison — j’avais là un souci de taille. J’avais désespérément besoin de relancer mon activité professionnelle, aussi ai-je lancé un petit groupe d’échange de recommandations d’affaires, avec pour objectif d’aider les gens de mon réseau et moi-même — le tout dans un cadre organisé, de façon systématique. Si bien que la solution au problème qui se dressait sur mon chemin devint finalement une entreprise internationale, composée aujourd’hui de quelques milliers de Groupes répartis dans plusieurs dizaines de pays dans le monde — une entreprise du nom de BNI.

Ceux qui réussissent l’ont bien compris : souvent, c’est dans la difficulté rencontrée que se trouve la solution à adopter. Le secret consiste à canaliser judicieusement ses efforts autour de cet obstacle pour en faire une passerelle.

C’est une démarche que certains d’entre nous adoptent déjà, parfois de manière inconsciente. Néanmoins, imaginez un instant quel impact cet état d’esprit aurait si nous en prenions enfin pleinement conscience — tant dans le cadre de nos vies personnelles que professionnelles. Je vous encourage à prendre un instant pour repenser à une remarque que l’on vous a faite, à propos de quelque chose qui « vous barrait la route », au cours de votre vie ? Cet élément est-il finalement devenu « le chemin à suivre » — et si oui, de quelle manière ? Dans mon cas, ce fut les bavardages en classe… Avec le recul, ça a plutôt été positif pour moi !

 

1 – “what stands in the way becomes the way”, citation de Marc Aurèle, empereur romain, 121-180 AD)